the voyage in/out day 32 tissages







Rapidement ils en vinrent à porter les vêtements l'un de l'autre. Ils changeaient de peau, ils échangeaient leur peau, ils fusionnaient. Les odeurs se mêlaient. Les plis s'entrecroisaient. Un cheveu de l'un sur l'épaule de l'autre. Dans une poche, la main se refermait sur un marron poli par une autre main, du repli d'un ourlet coulait du sable ramené de Grèce, de Honfleur ou bien d'ailleurs. Chacun de leur côté, parfois infidèles, ils gardaient le secret du vêtement anodin qui devenait le trait d'union de leur complicité.


Ta main voleuse, une pie, cette nuit
Puis l'autre main qui vole aussi
Entre ces deux mains
la veste de l'homme
Un point c'est tout, dans le lit.
...
Odeur murmurante
murmure imperceptible
qui témoigne encore d'un zeste d'amour
jusqu'à la fin de la nuit, un point, c'est tout.

La robe tissée dans des fils métalliques de couleur brillait comme une enseigne, un bustier ajusté laissant les seins très libres, le dos nu, la jupe tout aussi ajustée, laissait apparaître l'ébauche d'un genou. Une immense fermeture éclair terminait l'enfermement de son corps dans cette peau nouvelle comme une mue inversée. Ce n'était pas elle et pourtant, droite sur ses talons, elle ondulait et riait de celle qui naissait là.

Tissé à six mains à la suite de Shumona Shina, le testament russe.
©lil

Commentaires

Articles les plus consultés