the voyage in/out day 26: forêts

"Allons au bois, Dame Lombarde, allons au bois..." Le brouillard comme une écharpe épaisse au travers de la route. Tu t'y attendais: la dame blanche dans son voile arachnéen, qui flotte, ondoyante et gracieuse, une forme translucide et opaque, prise d'obsession, d'obstination, déterminée à attendre celui qui doit venir. Non, ce ne sera pas moi!
"Nous trouverons le serpent verde, nous le tuerons...."

Des sapins et leur odeur de bonbon. Sous la terre des racines. Des racines travailleuses. Têtues comme des abeilles, et silencieuses. Elles avancent, s'étalent, creusent, dessus, dessous, vers d'autres racines.
Soudain il est là, sa fourrure rousse, refuge pour toutes les lucioles de tous les étés, plus curieux qu'effrayé: un tout petit renard. 

Une longue forêt de montagne qui n'en finit plus, les arbres blêmes, leurs troncs grisâtres, une opacité au bout de la lumière des phares. Elle stoppe en douceur:
Un cerf adulte, aux bois altiers. Elle respire à petits coups, elle sent des présences.
Alors elles avancent, deux biches, puis un faon... Le grand cerf traverse à petits pas, se retourne un instant, la regarde. La forêt l'engloutit.

 la dame blanche, la dame rousse et la dame soleil. 

©lil