gisante


 Rideau deux rideaux légèrement bombés peau fine vers le bas fentes par où deux  iris bleus bleu ardoise dis-tu éclore dans la lumière l’éblouissement vite rideau et la grille des cils trop tard l’éblouissement dedans faire le noir trop tard du rouge du vert du brun du jaune en ondes superposées ça fait du noir peut-être peut-être sur la toile du tableau mais là-dedans ça continue le scintillement du rouge du vert du brun du jaune les cils perlés irisent pas vu pas pris trop tard ça reviendra plus tard dans la nuit d’insomnie ou en regard d’un tableau où tu reconnaîtras quoi l’éblouissement

 

Les vieilles brûlures les meurtrissures la cicatrice ancienne invisibles l’os fêlé cassé réparé non calcifié l’espace du dedans et son horloge interne tic tac tu perds tes cellules chaque jour trois cent milliards les stylites sur leur colonne pareil la vie cachée sans toi écoute gargouillis vents pets spasmes les nœuds des méridiens tu cherches tes chakras et chaque jour et chaque nuit ça dissout ça brûle ça pulse ça dissémine des messages à n’en plus finir le long du nerf vague mais si on ne te l’avait pas dit tu ne sentirais pas d’ailleurs tu ne le sens pas ce que tu sens c’est une petite crampe là sous la plante du pied pas bouger ça fourmille dans ta main ça chatouille les narines et ce petit bruit infernal acouphènes c’est joli comme mot acouphènes mais voilà trop tard maintenant tu les entends les sifflements stridents mais comment tu peux oublier ça quand tu t’agites, quand tu lis quand tu écris d’ailleurs tu écris là dans ta tête mais c’est du pareil au même la sombre machinerie pourquoi tu ne serais pas ce chat lové contre toi à la fourrure si douce l’animal machine Descartes bien sûr qu’il a tort le corps subtil qui somatise le mystère de la vie en minuscule

 

Gisant gisante Aliénor lisant gisants romains souriants appuyés sur un coude reclining buddha tu restes de marbre mais diable le cœur qui bat qui bat qui bat tu restes de marbre parce que tu as touché son corps si froid quand il t’a dépouillée de ce qui aurait pu advenir quand tu as senti le sang se glacer dans tes veines mais tu es restée de marbre statue brisée par le gel même pas un conte d’hiver il disait tu t’éparpilles à présent tu comptes tes abattis mosaïque petit pot de terre qui attend un japonais pour lisser tes fêlures sous la poudre d’or 

 

Les mots gelés au fond de ta gorge pas les paroles gelées de Rabelais tu as tenté un cri muet qui est resté coincé dans ta gorge et tu ravales tes larmes tu glisses dans le vide à l’intérieur pas même un espace y a pas d’étoiles c’est noir pitch black une flaque tu te noies en toi cernée par les icebergs de tous les mots gelés qui s’entrechoquent 

 

Et puis sur la rétine mais pour toi à présent c‘est le noir qui se déploie une mémoire de noir qui mille feuilles et revoilà du rouge du vert du brun du jaune poudre d’or 

©lil

 

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