the voyage in/out day 16 jeux
Elle invite ses "filles" à déjeuner, l'ours aussi malgré son bras cassé; la soupe à cailloux n'a aucun secret pour elle... elle les suce pour semblant.
À côté du banc de pierre sa petite main cherche et trouve un escargot puis un autre, à côté du banc de pierre sans dossier; on s'appuie contre le mur de la maison, c'est aussi bien qu'un dossier, c'est solide comme les mains des grands
Dans cette cour elle devient la reine du hulla hoop: le cercle de plastique jaune tourne autour de sa taille, descend jusqu'aux chevilles, remonte autour du cou grâce au balancement des hanches.
En été se déguiser à être vieille, elle plaint les vieux, jamais déguisés, eux.
Ses "filles", elle leur colle à l'oreille à tour de rôle un gros coquillage descendu en douce, elles écoutent la mer, surtout elle car ses "filles" tombent et veulent dormir.
Une année au pied de la falaise chercher dans les galets les petites perles de verre bleu pâle, rose, vertes que le roulis incessant des vagues sur le silex a arrondies et polies.
Assise le dos calé contre une planche en bois, le chat sur les cuisses, elle met un peu de Vache qui Rit sur son doigt, le chat lèche le doigt. Frisson.
Il y a aussi le polichinelle rouge et l'arlequin jaune à qui raconter des histoires dans le grenier.
Les soirs d'hiver elle compte ses secrets. Elle pense aux courses d'escargots, aux grimaces de l'épouvantail devant la glace, aux mains des grands, pas toujours si solides, puis elle s'endort.
Lorsqu'elle a quitté la cour pour toujours, ses "filles" sont restées. Elles doivent encore jouer avec d'autres petites filles, ou alors, elles sont mortes.
la bande des trois, à la suite d'un passage de Les solidarités mystérieuses de Pascal Quignard.
©lil
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