couleurs: fauve
Il faut, il faut vite, il faut voir, il faut varier, varier les couleurs, les couleurs qui n’existent que dans ta rétine, alizarine, zinzolin, indigo, vermillon, Veronese ; dans ton œil derrière l’iris noisette et ses reflets mordorés, ton œil de tigre aux éclats fauves. Fauve, c’est ça, il faut faire venir le fauve, le fauve des terres brûlées, le fauve lové au fond de tes prunelles noisette. Fauve. Fauve, l’éclat de tes pupilles derrière tes faux cils, mêlées d’ambre et d’or quand ton œil furibond tente de me foudroyer sous le feu de tes colères intempestives. Ce fauve va de son pas de félin, forgé par la fièvre féroce de la faim en quête d’une proie facile ; fièvre vaine parfois qui laisse un goût fade, quand il tourne dans sa cage, faussement docile sous la menace du fouet au centre des gradins. Fauve aussi sa proie qui frôle de son pas de chamois l’orée des grands sapins, fauve aussi le daim dans le sous-bois et sa touffe immaculée qui nargue les chiens, quand la mort rôde dans les nuits fauves. Et je baigne dans ton sillage, ton parfum de cuir du Bosphore. Est-ce une couleur, est-ce un fumet, est-ce un pigment, un feu secret, une braise dans le bistre, un blond vénitien brûlé, le reste fossile d’un volcan ? Ou bien la plume éteinte de la fauvette qui flotte doucement sur le champ de blé bientôt fauché ?
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